Pouvez-vous nous expliquer votre parcours avant de devenir sous-directrice à l’ENM ?

« Mon parcours s’est construit autour d’une spécialisation progressive en droit pénal et en coopération internationale. J’ai débuté comme avocate au barreau de Chartres avant d’intégrer l’ENM en 2011.
À l’issue de ma formation, j’ai exercé comme substitut du procureur dans le ressort de la cour d’appel de Douai, avec des affectations à Saint-Omer, Dunkerque et Boulogne-sur-Mer. J’y ai traité des contentieux transnationaux, notamment liés aux filières migratoires clandestines et aux trafics de stupéfiants. J’ai ensuite rejoint le parquet de Lille, où j’ai pris en charge la permanence, les audiences de comparution immédiate, ainsi que le contentieux économique et financier.
Après quatre années, j’ai intégré la section de l’exécution des peines, d’abord comme substitut, puis comme vice-procureure. Ce poste m’a permis de développer une expertise en matière de coopération judiciaire internationale, notamment sur les transferts de détenus, les mandats d’arrêt européens et les reconnaissances mutuelles de peines.
Dès mon entrée à l’ENM, j’ai participé à des programmes européens tels que le concours Thémis et les formations du Réseau européen de formation judiciaire (REFJ). Mon implication dans des projets comme METIS, dédié à la reconnaissance mutuelle des peines de probation, a renforcé mon intérêt pour les enjeux internationaux de la justice. »

Quelles ont été vos motivations pour devenir sous-directrice du département international ?

« Ce qui m’a motivée, c’est avant tout la volonté de contribuer à la formation des magistrats étrangers, de favoriser les échanges de bonnes pratiques et de renforcer les liens entre les systèmes judiciaires. En tant que chargée de mission au département international pendant trois ans, j’ai pu allier ma passion pour la coopération internationale à mon engagement pour la formation judiciaire, en participant à des projets concrets comme ETHICA, qui a abouti à la rédaction d’un guide déontologique à destination des juridictions pénales internationales.
J’ai également eu l’opportunité de piloter le projet de jumelage avec l’Albanie, ainsi que plusieurs projets européens et de coopération bilatérale, notamment avec l’Ukraine.
Ayant toujours apprécié le travail en équipe, et forte de mon expérience au parquet, je souhaite aujourd’hui mettre à profit mes compétences relationnelles, mon sens de l’écoute et mon goût du dialogue pour encadrer une équipe aux profils variés. Mon parcours universitaire, professionnel et extraprofessionnel m’a dotée des outils nécessaires pour assurer la mise en œuvre opérationnelle de la stratégie du département international. »

Quels sont les enjeux actuels et futurs pour le département international ?

« Le département international fait face aujourd’hui à des enjeux majeurs qui nécessitent une vision stratégique affirmée. À court terme, l’objectif est de consolider la coopération judiciaire à l’échelle européenne et mondiale, en favorisant l’harmonisation des standards de formation et en soutenant la transition numérique des systèmes judiciaires. Ces initiatives visent à bâtir une communauté judiciaire plus cohérente, unie autour des principes fondamentaux de l’État de droit.
À plus long terme, les défis sont nombreux et complexes. La lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée demeure une priorité, tout comme l’intégration croissante des problématiques environnementales, numériques et liées à l’intelligence artificielle. Dans un contexte de tensions géopolitiques, la protection des droits fondamentaux impose une adaptation continue des pratiques et des dispositifs de formation.
Cette démarche permet non seulement de répondre aux enjeux actuels, mais aussi d’anticiper les évolutions à venir.

Emmanuelle Laudic-Baron, nouvelle sous-directrice en charge du département international à l’ENM